Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FIN1          FIN2     
FEW III finis
FIN, subst. fém.
[T-L : fin1 ; AND : fin1 ; DÉCT : fin1 ; FEW III, 560-561 : finis]

A. -

[Dans le temps]

 

1.

"Moment où une période s'arrête" : ...et leur seroit une tresgrant grace a soustenir leur estat et leur vie, s'ilz trouvoient qui leur prestast une somme de monnoye sus bon gaige, et a la fin de l'anne[e] qu'ilz auroient tenu la monnoye sans aucune usure, ilz rachaptassent leur gaiges et de leur propre volunte (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 287). Guillaume l'Espaignol, souverain clerc à Paris, compaignon de Perre Lombard, pour ce temps evecque de Paris, jugea sur l'eclipse qui fut le XIe des kalendes de juillet, en la fin de Gemini. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 117 v°).

 

2.

"Moment où une action s'arrête" : Et faict grant mal qui lors n'abstine De toute chose lacticine, Fors de formage en fin de table, Duquel user est tolérable (LA HAYE, P. peste, 1426, 95).

 

-

Faire fin à qqc. : Pour faire fin a nos dis ie conclurray ce present liure par une briefue recapitulacion de la matiere diceluy. (CIB., p.1451, 184).

 

3.

"Moment où la vie d'un être s'arrête ; mort" : Et en la fin, en l'eure de la mort, escoute que fait leur povre ame. (GERS., Pent., p.1389, 85). Le premier remede ou consideracion est penser a sa fin et a sa mort, et puis en quel lieu l'ame se partira : ou en paradis pour bien fait, ou en enfer pour meffait. (GERS., Annonc., a.1400, 238). ...fust à la fin de ses jours grant medicin et experimenta plusieurs herbes et racines. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 v°). ...par l'espasse de XL ans, tint contre les Romains, jassoit que la fin de lui fut piteuse et, après plusieurs victoires, tant pour lui que contre lui, il extaignit femmes et filles par venin. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 r°).

 

-

En partic. Fin du monde. "Moment où l'humanité entière s'arrête ; jugement dernier" : De la fin et confragation du monde. (Somme abr., c.1477-1481, 96). Cy commence le septisme livre parlant de la fin du monde. (Somme abr., c.1477-1481, 96). Et le VIJe. est des temps derreniers, qui seront environ la fin du monde, et des paines des mauvais et dampnéz, et des loiers et retributions des benois saints (Somme abr., c.1477-1481, 99).

B. -

[Dans l'espace] "Point où qqc. s'arrête"

 

1.

[À propos d'un livre] : Derrainement, le second point, Qui en la fin du Livre est joint, Enseignera les medicines Assez suffisantes et dignes, Selon que humain entendement Les peut aviser bonnement (LA HAYE, P. peste, 1426, 73).

 

2.

[À propos d'une configuration géogr.] : ...et fut cause seul et principal de fonder, faire et construire la noble cité de Geneve, sur la fin du lac de Losenne, qui est chambre imperialle (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 85 v°).

C. -

"But, finalité auquel tend une action" : ...la fin de la puissance du Pape est ordener et adrecer lez choses espiritueles, la fin de la puissance du Roy est gouverner lez choses temporelles (Songe verg. S., t.2, 1378, 7). Notez comment Nostre Dame considera bien tout le salut de l'ange et a quelle fin il pourroit venir. (GERS., Annonc., a.1400, 236).

D. -

PHILOS. THÉOL.

 

1.

[Avec une idée d'accomplissement et de perfection] : Secondement fin se prend pour perfection, et ainsi une chose qui est parfaite et acomplie a fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132).

 

2.

[Exprime, par la négation, la notion de l'infini] : Et pour ce qu'il n'a en la divinité fin ne commencement, pour ce finablement fu au monde bailliee aussy tele ronde figure en laquelle on ne treuve aussy commencement ne fin. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 6). Et par ainsi ce sera proces sans fin et comme ung cercle, qui se retourne en soy mesmes, dont on ne puet scavoir n'apparoir principe ne fin, ou il convient parvenir a une chose qui est cause effective de toutes choses sans avoir estre d'aultrui ou par aultre chose. (Somme abr., c.1477-1481, 101). Est dont a scavoir que ceste diction "infini" se puet entendre par trois manieres, c'est assavoir par negation, par privation, par contrarieté. Infinitum prins negativement dit abnegation de fin, et par ainsi infinitum est ce que ne puet avoir fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132). Selon la premiere consideration, l'essence divine est du tout infinie, car elle n'a point de fin et pas n'est disposee a avoir fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132). "...eternité est une possession joyeuse et toute ensemble parfaite de vie sans terme", c'est a dire sans principe et sans fin. (Somme abr., c.1477-1481, 140).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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